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N'ai jamais, jamais, l'air étonné
9 juin 2015

Souvenir du Glog d'avant - Minnie Maouse - juin 2012

InstagramCapture_6a3fb08f-53d9-40a0-b9d7-7f27e49d708eEn juin 2012, tu allais aérer ton overdose de promiscuité et de technologie en forêt, équipée d'amis, d'enfants, de chaussures de course et de ferme intention de respirer pour mettre du zen (et un peu de vin aussi) à l'intérieur de toi-même. Inutile de préciser que l'eau ayant coulé sous les ponts avec Docteur Chouin, tu n'es pas plus brave à la vue d'une souris. Mais tu sais pourquoi. Et c'est important.

****

Quitter les gaz d’échappement pendant quelques heures, en rêvant à des langueurs ensoleillées. Ce projet taquine la parisienne - oui tu habites la zone 2, donc tu es parisienne, d'ailleurs, penser à écire le règlement de quand tu as le droit de dire que tu es parisienne, tout le monde croit savoir alors que pas du tout, c'est toi qui sait. Alors tu aimes ces vendredi soir où tu bourres le coffre de ta petite auto de baskets, de paquets de monster munch, d’enfants (non pas dans le coffre les enfants) et de serviettes éponge pour t’alanguir ou sécher des lutins qui n’ont aucun problème à se jeter dans une piscine par 13°.

Tu oublies les 120 minutes passées à t’extraire du boulevard périphérique dès que les grands arbres de la forêt de Rambouillet apparaissent, dès que les enfants chopent un ballon, se mettent à cabrioler comme des fous, dès que tu as préparé les lits, versé du vin rouge dans un verre et enfilé un pull pour rester dehors, dehors dehors, et que ça crouique sous tes pas quand tu marches même tout doucement.

Tout est parfait, même que tu te laisses entraîner dans une virée dans la boue en course à pieds.

Tout va bien sur le trajet aller dans la micro salle de bain dans ta cabane pour mettre ton costume de course, à pied, et avertir tes adducteurs que ça va être leur fête, tout est parfait.

Sur le trajet retour. Humm. Obstacle. Une visiteuse, minuscule, mini petites oreilles autour d’un museau pointu, loooongue queue, se tient immobile pile devant la porte. T’as presque plus peur de yaourter une présentation en anglais devant 30 chefs apaches, presque plus peur d’une virée en tyrolienne, t’es prête à tirer les cheveux des types qui jettent leurs ordures par la fenêtre de la voiture, tu peux même discuter avec la dirlo banquière, mais une souris…

10 grammes à tout casser, regard vide, comment et POURQUOI est-elle venue se planter là, y a 45 hébergements dans ce camp de bobos en manque de chlorophyle et de l'authentique vie dans la forêt, et cette bestiole c’est chez toi qu’elle choisit de venir rendre son dernier souffle. Tu tapes par terre en te retenant de t’évanouir à l’idée qu’elle détale dans tes pieds. Fait rien, dit rien, juste reste là au milieu. Tu fais un détour de 2 mètres cinquante, un peu comme pour éviter un hydre avec plein de dents dans toutes ses gueules.

Tu refermes derrière toi, en te disant que c’est pas grave, on n’aura qu’à tous dormir dehors, puisqu'on ne peut clairement plus entrer dans cette cabane. Tu décides finalement de te confesser, fait pas si chaud qu'on dorme sous des serviettes éponge quand même.

D’un air dégagé, tu préviens ta colocataire de week-end, J. cette héroïne, si héroïque qu’elle ne se moque même pas, elle. Tu lui deandes qu’elle voit ce qu’elle peut faire, appeler les pompiers, la SPA, les pompes funèbres enfin tu t’en fous, mais qu’il faut que cette minuscule souris quitte votre location MAINTENANT. Et zouip tu pars courir.

D’un air dégagé, autant qu'on puisse avec un teint d'aubergine en rentrant du iogging, tu lui demandes à ton héroïne. Ce qu’est devenue la squatteuse. Elle l’a déposée dans un buisson, mais il semblerait qu’on ne donne plus très cher de ses jours, le diagnostic vital est engagé. Les boules.

1980, dans un foyer de la rue Lafayette, ta petite soeurcière, et toi, découvrez que vous devez partager votre chambre avec une toute petite souris qui vous fait pousser des hurlements de cochons dès qu’elle pointe son nez de souris (en même temps la sale bête se planque dans vos chaussons et vous ne goûtez pas l’humour à 9 et 4 ans). Les autorités du foyer sont alertées et le plan vigipirate déclenché, granules empoisonnées, piège à tapette, rien n’est négligé pour anéantir l’ennemi. Jusqu’à ce mardi soir, où tu dois sortir de l’appartement en piaillant et en appelant à l’aide parce qu’elle titube dans le placard. Les escouades de défenseurs interviennent et rassurent les locataires : vous êtes enfin débarrassées, l’intruse a été neutralisée. De la panique dans la voix, vous tordant les doigts, ta soeurcière et toi demandez s'il ne lui est pas arrivé un truc grave à la souris, par hasard.

Ben si qu’on vous répond, le poison, la tapette enfin on ne sait pas bien, mais paf la souris.

Hurlements. Pleurs, pleurs pleurs. LA PETITE SOURIS EST MORTE. Tu voulais plus la voir, tu voulais pas qu'elle meure.

Comment, 32 ans après, tu peux avoir le coeur qui bat la chamade devant une toute petite chose duveteuse, jusqu’à rêver qu’elle disparaisse dans la seconde, puis le coeur serré, à l’idée qu’elle passe à trépas ? Qu’est-ce qui n’a pas grandi là-dedans ??

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