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N'ai jamais, jamais, l'air étonné
12 janvier 2015

Foule sentimentale

InstagramCapture_3dc0de4a_08b8_4d8f_bc05_e76770956451C'est super difficile d'écrire au sujet de Charlie.

Trouver quelque chose d'intelligent, ou quelque chose de drôle ou quelque chose d'un petit peu intéressant à écrire dans ce glog. Même si tu étais seule à lire, même toi tu veux t'éviter une louche de langage en plus. Ces jours-ci. Quand la grosse vague d'effroi a été suivie d'une grosse vague de rage avec des morceaux de peine de terreur des paquets de désespoir dedans, elle même suivie de la considérable vague de discours d'explication, de dessous d'explication, d'incomplètes explications, de peine, de discorde, de discorde qui s'envenime, d'horreurs. Des images, des rivières d'images, des cris des tonnerres, des torrents de larmes. Des mots, des dessins, mais des mots, des mots, des mots.

Tu n'as rien à dire de plus, tu n'as pas de parole, pas de vérité, tu es ivre de discours, de débats, d'images, d'illustrations, de déclarations, de contradictions. Tu n'as rien à déclarer. Tu voudrais au moins parvenir à penser, tu sais ce qui t'effraie, tu sais ce dont tu ne veux pas. Et puis tu doutes aussi, tu ne comprends pas tout. Tu grossis le nombre des Charlies, tu vas marcher. Tu espères que c'est vraiment ce qu'il faut faire. Il y a l'horreur, la pulsion vitale de s'agripper au groupe d'humains qui veut faire front humain, puis la démagogie, puis les collants sentiments, puis les raccourcis, puis les détournements, les récupérations. Tu veux tout de même voir dans la foule, dans le rassemblement, le signe d'une possible sagesse, celui d'une intelligence d'urgence. Tu veux faire partie de la foule républicaine mais sentimentale, sentimentale et avare de mots.

C'est super difficile de ne pas écrire au sujet de Charlie.

Raconter ici des pouicpouic, tes chaussures neuves, l'incroyable humour de tes enfants, les rues dégueulasses de là où tu habites, la recette de l'agneau de 7 heures, la prolifération des Nelly Oleson, la beaugosserie de Raphaël Enthoven, la dame fêlée du RER C, de l'intérêt d'élire Miss France ou t'en sais rien.

Quand tu sais bien que c'est la liberté qui vient de se fissurer, que c'est un goufre qui s'ouvre sous les pieds, la bête immonde qui se réveille, les racismes et les haines qui s'ébrouent.

Tu ne peux pas non plus.

Bon alors tu vas attendre encore un peu.

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