Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
N'ai jamais, jamais, l'air étonné
26 mai 2015

Peines et joies de l'openspace - 1 - de l'outrecuidance des nazes

Gros lardTu voudrais croire que c'est terminé, finito. Le sombre machisme au travail. D'ailleurs la plupart du temps tu y crois. Pour de bon. Les générations se renouvellent, les nouveaux hommes, les hommes de ton âge, même les femmes - à part des résistants mal foutus de l'oedipe ou juste mal élévés -, n'ont pas endossé le manteau phallocrate de leurs aînés, c'est heureux. Et même leurs aînés, même si on ne leur avait pas encore donné de bonnes habitudes, pour un bon nombre d'entre eux, peuvent parfaitement se conduire comme des personnes parfaitement civilisées.

Et tu as la chance de vivre dans une grande ville brassée, de travailler dans un univers très masculin mais qui s'intéresse à l'avenir, la plupart du temps, tu vas travailler avec tes seins et ta petite voix et ta hauteur de trois pommes, et bien sûr bien sûr, ta situation de "working mum", sans te sentir inégale. Tu as cette très grande chance, de ne pas être une femme dans un hémicycle, ou d'être une femme qui travaille dans un atelier clandestin.

Le reste de la plupart du temps, tu peux vivre des choses qui sont tellement grostesques, que ça te sidère. Ca te sidère encore, toujours. La sidération. Comment c'est possible. Tu en as entendu des choses hilarantes. Dans des comités de direction, "Non mais merde, on n'est pas des gonzesses".

Si, tu l'as entendu.

Tu as été obligée de te justifier parfois,auprès de ta hiérarchie, d'expliquer qu'on peut avoir des codes féminins, être une gonzesse quoi, si ça veut vraiment dire quelque chose, et obtenir ce que l'on veut, affronter des situations difficiles, les surmonter efficacement, alors même qu'on déplore une absence de paire de testicules.

Tu t'es trouvée dans des situations drôlatiques, on t'a appelée "ma grande", "Jeune fille". Quand tu t'es plainte on a trouvé que tu étais bien sourcilleuse, que c'était affectueux, tout ça.

Tu as été obligée une fois, de demander à un sale type, qui s'évertuait à contourner tes décisions, combien de temps il allait te prendre pour une conne, que tu te foutais que ça l'emmerde de travailler avec une femme. Il a fallu que tu menaces pour qu'il se rende.

Tu as compris à quelques reprises, que cela pouvait te rendre les projets proprement impossibles, tu as vu qu'on ne te prenait parfois pas au sérieux.

Mais ça c'était avant.

Aujourd'hui, souffle, respiration, soulagement, c'est derrière toi. Changement d'entreprise, maturité séniorité, o tempora, c'est terminé, finito. Over.

Et aujourd'hui.

Déjeûner de travail, pour programmer une conférence avec un organisateur. L'organisateur s'est déplacé avec une collaboratrice, ton agacement quand il l'appelle "ma grande", tu le sens poindre, mais ce doit être affectueux.

La discussion est sérieuse, détendue, mais sérieuse. Légère crispation lorsque l'organisateur ventripotent et légèrement poisseux t'écoute (on n'avait dit pas le physique, tu sais, mais c'est ce soir le soir de ce déjeuner, alors le physique et merde, regarde l'image, c'est vraiment lui), tellement à l'aise avec ton collègue, un éminent et reconnu spécialiste, un monsieur quoi, qu'il connait déjà en plus.

Alors quand il comprend que l'organisation est ainsi faite, que tu es toi, celle qui a des cheveux longs ET la haute main sur le budget. Crispa-crispation. C'est pas que ça l'arrange, le veau marin. 

Enfin Jabba le Hut ne se laisse pas abattre, se met à l'aise, disperse la conversation, raconte des trucs ineptes, t'oblige à rattraper le fil plusieurs fois, mais c'est bonhomme, c'est cool, c'est enthousiaste, c'est sympa.

Et là. Et là. Même pas éméché, juste emballé par son propos, balance des anecdotes, se fout objectivement de tes questions, charge sa grande d'y répondre. Car lui envisage l'avenir et propose une collaboration un truc dingue, tellement intelligent tellement ambitieux, à 2 fois le budget en discussion. Et dans un grand rire gras, te file un coup de coude, t'envoie une oeillade, et déclare d'un air entendu à ton collègue :

"Bah voilà, on fait comme ça l'année prochaine et on demandera du budget à Pépette".

Pépette.

C'est toi Pépette en fait. Tu re-précises, parce que toi-même en situation, tu n'as pas immédiatement compris qu'on parlait de toi. Et maintenant que tu relis, tu as une énorme envie de rire d'aileurs.

Le gros lard, somme toute faiseur, sans grande consistance professionnelle, gélatineux de la pensée aussi, fièrement, alors qu'il te voit pour la première fois, que tu es la personne qui évalue sa proposition, va prendre la décision de travailler ou pas avec lui et donc payer son bordel ou pas, n'en a tellement rien à carrer, est tellement engoncé dans sa fatuité comme dans son multiple menton, qu'il t'appelle Pépette, celle à qui on demande du fric.

Tu adorerais écrire et lire ici que tu as retourné un énorme boulard dans sa face de méduse, dans l'instant, mais tu ne peux pas mentir ici, tu en es restée sur le cul.

T'as renvoyé du bois et lui a fait faire trois petits tours dans son fute en alcantara (ben si, ça existe, et ça aurait du te mettre la puce à l'oreille) mais une ou deux minutes après être ressortie des cordes seulement. Voilà, juste un peu d'inattention, tu avais oublié la possible insondable connerie entre gens très diplômés. 

Et comme une es une chouette pépette, tu jures ici, sollennellement, que tu mentionneras la scène dans le CR, et demanderas une réduction sur laquelle tu ne cèderas jamais, et exigera de ne traiter qu'avec sa "grande".

 

Publicité
Publicité
Commentaires
O
Quelle outrecuidance de ma part de penser que je connaissais déjà le seigneur des gros nazes ! Mais non, ils se reproduisent sans doute à l'occasion de bacchanales lyophilisées-sur-Seine. <br /> <br /> Presqu'identique, c'est déjà trop ...
I
Oolong !! Believe it or not, ce n'est pas de l'original dont tu parles dont c'est le portrait, car si la vie n'est pas qu'une chienne, elle est parfois pénible au point de te mettre plusieurs répliques du même type de gastéropode dans les pieds, oui. Je suis parvenue, du moins jusqu'ici, à me débarrasser du belge obèse, qui se passe désormais du fric à pépette. Il n'en est pas mort note bien. Celui-là est presque identique, à ceci près qu'il ne narre pas sa chirurgie gastro-entérologique, du moins pour le moment. AH LES CONS. Bonne journée :-)
O
Portrait fidèle à l'original, si je saisis bien. Un gastéropode belge obèse et quadruplement ponté au moins. Ah la vache. Crétin tout autant avec les hommes, je t'assure. Ne respectera jamais que l'argent qu'il te prend pour sa plus grande gloire et sa consommation sans fin. Une caricature boursouflée qu'il faudrait simplement exclure, refuser, il en crèverait. <br /> <br /> Ah, les cons. Bonne journée Isa, on les aura, ouiouioui.
I
Franck, il reste du stock en réalité, mais on les aura. Bises aussi !
F
Non !! J'y crois pas ! On n'en trouve plus des comme ça !? Je croyais que les Jean-Pierre des années 80 avaient tous été remisés dans les années 2000. Tu as une chance incroyable Isa .Tu es tombé sur le seul modèle encore en service !! :-)<br /> <br /> Que la force soit avec toi en tout cas ... et venge toutes les "grandes" et toutes les "pepettes" de France et de Navarre. Des bises.
Pages
Publicité
N'ai jamais, jamais, l'air étonné
Archives
<script type="text/javascript">// <![CDATA[
(function(i,s,o,g,r,a,m){i['GoogleAnalyticsObject']=r;i[r]=i[r]||function(){
(i[r].q=i[r].q||[]).push(arguments)},i[r].l=1*new Date();a=s.createElement(o),
m=s.getElementsByTagName(o)[0];a.async=1;a.src=g;m.parentNode.insertBefore(a,m)
})(window,document,'script','//www.google-analytics.com/analytics.js','ga');
ga('create', 'UA-57163226-2', 'auto');
ga('send', 'pageview');
// ]]></script>
Publicité